



La couleur verte est un symbole ambivalent.
Elle évoque la vie et la mort, ainsi que les états transitifs de l’une à l’autre : la renaissance, après la mort, le danger qui précède la mort.
Nous allons voir que ces états transitifs sont riches, et qu’ils ont amenés plusieurs spécialistes à voir le vert comme la couleur du destin.
Aujourd’hui, quand on pense « vert », c’est la nature qui s’anime d’abord dans notre imaginaire, au travers de la végétation et de l’eau.
La force et la longévité sont les corollaires de cette nature verdoyante qui s’étend à perte de vue, immense et présente depuis des temps immémoriaux.
C’est la vitalité à l’état pur.
Au coeur de cette nature abondante vivent des reptiles, des volatiles ou encore des insectes, qui se fondent dans le décors.
Parmi eux, certains représentent un danger mortel, comme le crocodile qui se fond dans des eaux stagnantes et marécageuses.
« […] le crocodile ouvrant sa gueule verte est lui une vision de cauchemar, celle de la porte des enfers bâillant à l’horizon pour aspirer le jour et la vie. »
Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant aux éditions du Bouquins
Cette association du vert au danger, l’humain l’a parfaitement intégré au cours de son existence. On le voit surgir au travers du visage de personnages monstrueux :
Ce dernier exemple, relativement récent, peut probablement être mis en lien avec l’image du soldat maudit, plongé dans l’enfer vert de la guerre du Vietnam.
Il existe quantité d’autres personnage ou monstre à citer (le zombie, le monstre de Frankenstein, le gobelin, etc.).
Il semble se dégager d’eux les mêmes caractères : une violence aveugle et une séduction corruptrice.
Et voilà le diable, maitre de ce qui est monstrueux. Diable, qui, au Moyen Âge, a été représenté en vert. L’émeraude est la couleur de Lucifer avant sa chute.
Lorsque la vie trépasse, le corps qu’elle animait se corrompt.
On observe alors toute une gamme de vert, plus terne, plus sombre, signant le déclin matériel du vivant qui est ou qui a été corrompu : la maladie, la nausée, le pu, le moisi, la décomposition, etc.
L’hiver s’achève, le printemps se lève, la nature revient.
Pour le dire avec poésie, les grecques de l’antiquité avaient le mythe de Perséphone.
Ce passage des saisons apporte son lot d’éléments positifs :
Le vert à longtemps été une couleur difficile à obtenir, et qui s’altérerait rapidement. On l’a alors associé à ce qui est instable, que ce soit en bien (jeunesse, amour, beauté, espérance) ou en mal (mensonge, perfidie et hypocrisie).
Cette notion d’instabilité fait qu’on lui associe également la chance, le hasard, le jeu et l’argent.
Peut-être peut-on aussi lier cette idée d’instabilité au déclin rapide du vert qui se fait plus discret à l’automne.
Nos ancêtres ne semblaient pas associer de facto la couleur verte à la nature.
Il est amusant de constater qu’aujourd’hui, la cause écologique s’habille de vert pour se signaler… pour signaler la cause de ceux qui cherche à préserver notre jardin d’eden, dont la « nature » est devenue trop instable.
On peut donc associer le vert, de façon non exhaustive ;
Positif : vie, renaissance, force, longévité, vitalité, abondance, espérance, amour, jeunesse, beauté
Neutralité : destin, hasard, jeu, argent
Négatif : mort, danger, poison, corruption, violence, guerre, malheur, maladie, moisi, décomposition, mensonge, perfidie, hypocrisie
De prochains articles viendront compléter cette introduction au vert, précisant et élargissant les aspects qui figurent ici.
Nous avons articuler la présentation générale de la symbolique du vert de façon à ce qu’elle puisse être comprise facilement. Rien ne vaut d’approfondir le sujet pour en saisir toute la mécanique. Nous vous renvoyons aux sources utilisées, historiques et symboliques, pour la rédaction de cet article :